Alexis Roussel on Nostr: L’apprentissage de la signature électronique Une telle technologie a bien ...
L’apprentissage de la signature électronique
Une telle technologie a bien évidemment une contrepartie. Les utilisateurs du bitcoin la connaissent bien. Elle repose nécessairement sur la responsabilité de générer et gérer soi-même ses clés cryptographiques.
Un apprentissage de la signature électronique, similaire à celui de la signature manuscrite doit se faire par la société. Cet apprentissage se fera dans le temps et la douleur. L’État, s’il doit inscrire cet apprentissage dans les programmes scolaires, ne devrait pas se préoccuper de la plateforme ou des systèmes qui fournissent la signature électronique. Il devrait se contenter de fixer des standards non techniques pour que les signatures numériques suffisamment sophistiquées puissent être légalement valables. Surtout il devrait mettre en place un service de légalisation de signatures électroniques, à l’image de la procédure déjà existante pour la signature manuscrite.
Cette technologie implique une responsabilité individuelle accrue puisque la perte d’une clé privée entraîne l’inaccessibilité de tout ce qu’elle pouvait déchiffrer ou signer. Le vol de cette même clé privée permet de se faire passer pour la victime sans qu’il soit possible de déceler l’imposture. Le système actuel peut paraitre plus confortable. Si quelqu’un égare sa carte bancaire il pourra la bloquer et récupérer l’accès à son compte. Ses accès ne lui appartiennent pas en tant que tels, ils sont la propriété de la banque. Perdre sa clé privée d’un compte bitcoin entraine la perte pure et simple de ces bitcoins. La contrepartie d’un contrôle total sur ses données personnelles, à travers la cryptographie, consiste à s’organiser de façon à ne pas perdre la clé privée. Le gain en autonomie est cependant important. Ni un État, une entreprise ou un tiers ne peuvent influencer le fonctionnement d’une signature électronique.
La capacité de signer de façon manuscrite semble acquise pour la société. Pourtant elle émane d’un processus long et constamment renouvelé. Les enfants apprennent les rudiments de la lecture et de l’écriture à l’école. Ils apprennent par observation que certaines feuilles de papier peuvent avoir plus d’importance que d’autres parce qu’elles sont signées. Ils observent leurs parents signant des actes importants qui ont un impact dans leur vie. Et finalement, on leur demande de signer leurs premiers engagements. Les adolescents passent pour certains des heures à essayer de trouver la forme de leur signature qui évoluera avec leur maîtrise de l’écriture. Lorsque l’on demande en 2019 à quelqu’un « Qui vous a fourni votre signature manuscrite ? », la réponse semble évidente et la question déplacée. Il doit en être de même pour la signature électronique.
Une telle technologie, qui permettrait même de prouver quelque chose sans prendre le risque d’en divulguer le contenu réel, aurait une véritable influence sur l’organisation économique de la société. D’une part parce qu’elle induirait le développement d’une économie qui respecte l’intégrité numérique des individus, d’autre part parce qu’elle rendrait possible des usages aujourd’hui encore difficiles à imaginer. Il n’est bien sûr pas aisé de déterminer avec précision la forme que prendra l’économie de demain. La somme des savoirs induits par la maîtrise de la signature électronique façonnera des individus plus conscients des technologies et plus responsables. Tous ces exemples de projets et réflexions montrent que l’organisation économique à l’ère numérique pourrait se faire dans l’intérêt des individus et dans le respect des droits humains fondamentaux. C’est ce virage-là que doit prendre notre société.
Extrait de « Notre si précieuse intégrité numérique » par Alexis Roussel et Grégoire Barbey
Une telle technologie a bien évidemment une contrepartie. Les utilisateurs du bitcoin la connaissent bien. Elle repose nécessairement sur la responsabilité de générer et gérer soi-même ses clés cryptographiques.
Un apprentissage de la signature électronique, similaire à celui de la signature manuscrite doit se faire par la société. Cet apprentissage se fera dans le temps et la douleur. L’État, s’il doit inscrire cet apprentissage dans les programmes scolaires, ne devrait pas se préoccuper de la plateforme ou des systèmes qui fournissent la signature électronique. Il devrait se contenter de fixer des standards non techniques pour que les signatures numériques suffisamment sophistiquées puissent être légalement valables. Surtout il devrait mettre en place un service de légalisation de signatures électroniques, à l’image de la procédure déjà existante pour la signature manuscrite.
Cette technologie implique une responsabilité individuelle accrue puisque la perte d’une clé privée entraîne l’inaccessibilité de tout ce qu’elle pouvait déchiffrer ou signer. Le vol de cette même clé privée permet de se faire passer pour la victime sans qu’il soit possible de déceler l’imposture. Le système actuel peut paraitre plus confortable. Si quelqu’un égare sa carte bancaire il pourra la bloquer et récupérer l’accès à son compte. Ses accès ne lui appartiennent pas en tant que tels, ils sont la propriété de la banque. Perdre sa clé privée d’un compte bitcoin entraine la perte pure et simple de ces bitcoins. La contrepartie d’un contrôle total sur ses données personnelles, à travers la cryptographie, consiste à s’organiser de façon à ne pas perdre la clé privée. Le gain en autonomie est cependant important. Ni un État, une entreprise ou un tiers ne peuvent influencer le fonctionnement d’une signature électronique.
La capacité de signer de façon manuscrite semble acquise pour la société. Pourtant elle émane d’un processus long et constamment renouvelé. Les enfants apprennent les rudiments de la lecture et de l’écriture à l’école. Ils apprennent par observation que certaines feuilles de papier peuvent avoir plus d’importance que d’autres parce qu’elles sont signées. Ils observent leurs parents signant des actes importants qui ont un impact dans leur vie. Et finalement, on leur demande de signer leurs premiers engagements. Les adolescents passent pour certains des heures à essayer de trouver la forme de leur signature qui évoluera avec leur maîtrise de l’écriture. Lorsque l’on demande en 2019 à quelqu’un « Qui vous a fourni votre signature manuscrite ? », la réponse semble évidente et la question déplacée. Il doit en être de même pour la signature électronique.
Une telle technologie, qui permettrait même de prouver quelque chose sans prendre le risque d’en divulguer le contenu réel, aurait une véritable influence sur l’organisation économique de la société. D’une part parce qu’elle induirait le développement d’une économie qui respecte l’intégrité numérique des individus, d’autre part parce qu’elle rendrait possible des usages aujourd’hui encore difficiles à imaginer. Il n’est bien sûr pas aisé de déterminer avec précision la forme que prendra l’économie de demain. La somme des savoirs induits par la maîtrise de la signature électronique façonnera des individus plus conscients des technologies et plus responsables. Tous ces exemples de projets et réflexions montrent que l’organisation économique à l’ère numérique pourrait se faire dans l’intérêt des individus et dans le respect des droits humains fondamentaux. C’est ce virage-là que doit prendre notre société.
Extrait de « Notre si précieuse intégrité numérique » par Alexis Roussel et Grégoire Barbey