Ava on Nostr: L'espérance de vie des hommes en Russie est inférieure de près de 11 ans à celle ...
L'espérance de vie des hommes en Russie est inférieure de près de 11 ans à celle des femmes.
L'espérance de vie des hommes en Russie est inférieure de près de 11 ans à celle des femmes.
© (Contributor/Getty Images)
En guerre et affaiblie par les flopées de sanctions occidentales qui s'abattent sur son économie, la Russie doit de surcroît faire face à une crise démographique rampante qui, loin de circonscrire ses causes au conflit Ukrainien, a pris racine dans la société russe du XXème siècle.
Le problème est décennal, et aurait bien pu s'atténuer, sans cette guerre décrétée par le leader russe aux confins de l'Europe, et cette embêtante inclinaison des Russes pour l'alcool fort. Dans une récente enquête traduite en anglais par le média indépendant russe Meduza, Cherta Media s'est penchée sur la crise démographique rampante en Russie. Aujourd'hui, dans un pays-continent qui compte un peu plus de 144 millions d'habitants selon les derniers recensements de la Banque mondiale, les femmes et les filles représentent environ 54 % de la population russe, contre 46 % pour les hommes.
GEO
Le déclin démographique de la Russie
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L'un des écarts les plus marqués de la planète, dans un pays où le taux de natalité est au plus bas niveau depuis 1999, le nombre de naissances étant passé sous la barre des 100 000 en juin, selon l'agence Rosstat. De janvier à juin 2024, 599 600 enfants sont nés en Russie, soit 16 000 de moins qu'au cours de la même période en 2023. Parallèlement, le déclin de la population russe s'est accéléré de 18 %, avec 49 000 décès supplémentaires enregistrés en 2024 par rapport à l'année précédente.
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SUKHOÏ SU-27
ILIOUCHINE A-50
SUKHOÏ SU-34
SUKHOÏ SU-27
©Dave_S. from Witney, England — Ukrainian Air Force Sukhoi Su-27P Flanker
Cet avion est conçu comme intercepteur et chasseur à long rayon d’action. L'un des meilleurs combattants de sa classe, il peut voler à la vitesse de 2 500 km/h.
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En juillet, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré la situation "catastrophique" pour l'avenir de la Russie. De quoi faire dire à la cheffe du comité de la Douma pour la protection de la famille, Nina Ostanina, que la mère patrie exigeait une "opération démographique spéciale", version russe du plan de "réarmement démographique" macroniste, sans doute.
Alcool et relents soviétiques de masculinité toxique
Ho, Cherta Media n'est pas le premier média à se pencher sur la question du déséquilibre entre les sexes. En fait, la préoccupation est vieille de plusieurs décennies, et trouve racine dans le tumultueux XXe siècle. Ainsi, le déséquilibre entre les sexes en Russie découlerait directement des troubles du début du XXe siècle, impliquant un grand nombre d'hommes sur le terrain, et qui regroupent guerre civile russe, guerres mondiales et répressions massives des années 1930, sous Staline.
Toutefois ces événements n'expliquent pas pourquoi l'écart persiste dans la seconde partie du XXe siècle, jusqu'à nos jours, selon le démographe Alexey Raksha interrogé par Cherta. C'est là que le virilisme exacerbé et l'alcool entrent en jeu. "L'un des principaux facteurs est la masculinité toxique, un type de comportement masculin répandu dans certains pays, dont la Russie", explique au média la sociologue Irina Tartakovskaya.
Les individus de sexe masculin font moins attention à leur santé, persuadés qu'un "vrai homme" ne se plaint pas, et coupe du bois à la hache torse nu sous la neige, en gros. L'image est caricaturale, mais les chiffres montrent que dans les années 1960, la mortalité masculine a commencé à augmenter dans tous les pays socialistes, où les normes idéologiques ont eu tendance à privilégier les intérêts de la société au détriment du bien-être individuel, promouvant l'héroïsme masculin.
Mais la principale raison du taux de mortalité anormalement élevé chez les hommes durant les dernières décennies est l'abus d'alcool, explique Alexey Raksha.
Chaque année, au moins 150 000 à 200 000 personnes meurent en Russie à cause de l'alcool, et environ 80 % d'entre elles sont des hommes.
Maladies, comportements à risque, délits voire crimes… Les conséquences sont nombreuses.
Les politiques et droits de douanes qui ont impacté les boissons à "faible" teneur en alcool, telles que la bière, ont entraîné dans les années 2010 un déplacement de la consommation vers les boissons alcoolisées fortes… et plus mortelles. La situation s'est encore exacerbée au début de l'année 2024, le vin et la bière étant fortement touchés par des restrictions, et pourrait empirer avec le retour des soldats du front, qui occasionnerait déjà une vague de criminalité.
La guerre en Ukraine, annonciatrice d'une crise démographique à venir
Dernier coup de serpe dans le bilan démographique russe : la guerre en Ukraine, bien sûr, et son cortège de morts dans le "hachoir ukrainien". Environ 2 à 3 % de la population masculine russe sont impliqués dans la guerre. Certains jours, le conflit fait plus de 1 000 morts côté russe selon les chiffres des observateurs occidentaux. En fin d'année 2024, les services de renseignements américains chiffraient à 120 000 le nombre de morts russes confirmées sur le champ de bataille depuis l'invasion en février 2022. Aujourd'hui, l'espérance de vie en Russie est inférieure à ce qu'elle était en 2018-2019, et l'écart entre la mortalité masculine et féminine s'est creusé pour atteindre près de 11 ans. Sans compter les hommes qui fuient le pays pour aller trouver la paix ailleurs. De quoi expliquer la chute de la natalité qui fait paniquer les autorités russes.
De fait, Moscou peut s'inquiéter, car une population déséquilibrée peut signifier des problématiques à venir sur le front économique… et militaire : qui la Russie enverra-t-elle pour la défendre si elle n'a plus d'hommes ? En attendant, se sont les conséquences sociales qui inquiètent. Selon les analystes de To Be Precise repris par Cherta, "le taux élevé de mortalité masculine pourrait entraîner une augmentation du nombre de veuves et de mères célibataires, et si l'État n'agit pas et n'apporte pas son soutien, cela pourrait entraîner une augmentation de la pauvreté." Environ 40 % des familles avec enfants dans le pays sont composées de mères célibataires, un groupe très vulnérable, mais encore insuffisant pour éteindre le feu russe.
L'espérance de vie des hommes en Russie est inférieure de près de 11 ans à celle des femmes.
© (Contributor/Getty Images)
En guerre et affaiblie par les flopées de sanctions occidentales qui s'abattent sur son économie, la Russie doit de surcroît faire face à une crise démographique rampante qui, loin de circonscrire ses causes au conflit Ukrainien, a pris racine dans la société russe du XXème siècle.
Le problème est décennal, et aurait bien pu s'atténuer, sans cette guerre décrétée par le leader russe aux confins de l'Europe, et cette embêtante inclinaison des Russes pour l'alcool fort. Dans une récente enquête traduite en anglais par le média indépendant russe Meduza, Cherta Media s'est penchée sur la crise démographique rampante en Russie. Aujourd'hui, dans un pays-continent qui compte un peu plus de 144 millions d'habitants selon les derniers recensements de la Banque mondiale, les femmes et les filles représentent environ 54 % de la population russe, contre 46 % pour les hommes.
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L'un des écarts les plus marqués de la planète, dans un pays où le taux de natalité est au plus bas niveau depuis 1999, le nombre de naissances étant passé sous la barre des 100 000 en juin, selon l'agence Rosstat. De janvier à juin 2024, 599 600 enfants sont nés en Russie, soit 16 000 de moins qu'au cours de la même période en 2023. Parallèlement, le déclin de la population russe s'est accéléré de 18 %, avec 49 000 décès supplémentaires enregistrés en 2024 par rapport à l'année précédente.
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©Dave_S. from Witney, England — Ukrainian Air Force Sukhoi Su-27P Flanker
Cet avion est conçu comme intercepteur et chasseur à long rayon d’action. L'un des meilleurs combattants de sa classe, il peut voler à la vitesse de 2 500 km/h.
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En juillet, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré la situation "catastrophique" pour l'avenir de la Russie. De quoi faire dire à la cheffe du comité de la Douma pour la protection de la famille, Nina Ostanina, que la mère patrie exigeait une "opération démographique spéciale", version russe du plan de "réarmement démographique" macroniste, sans doute.
Alcool et relents soviétiques de masculinité toxique
Ho, Cherta Media n'est pas le premier média à se pencher sur la question du déséquilibre entre les sexes. En fait, la préoccupation est vieille de plusieurs décennies, et trouve racine dans le tumultueux XXe siècle. Ainsi, le déséquilibre entre les sexes en Russie découlerait directement des troubles du début du XXe siècle, impliquant un grand nombre d'hommes sur le terrain, et qui regroupent guerre civile russe, guerres mondiales et répressions massives des années 1930, sous Staline.
Toutefois ces événements n'expliquent pas pourquoi l'écart persiste dans la seconde partie du XXe siècle, jusqu'à nos jours, selon le démographe Alexey Raksha interrogé par Cherta. C'est là que le virilisme exacerbé et l'alcool entrent en jeu. "L'un des principaux facteurs est la masculinité toxique, un type de comportement masculin répandu dans certains pays, dont la Russie", explique au média la sociologue Irina Tartakovskaya.
Les individus de sexe masculin font moins attention à leur santé, persuadés qu'un "vrai homme" ne se plaint pas, et coupe du bois à la hache torse nu sous la neige, en gros. L'image est caricaturale, mais les chiffres montrent que dans les années 1960, la mortalité masculine a commencé à augmenter dans tous les pays socialistes, où les normes idéologiques ont eu tendance à privilégier les intérêts de la société au détriment du bien-être individuel, promouvant l'héroïsme masculin.
Mais la principale raison du taux de mortalité anormalement élevé chez les hommes durant les dernières décennies est l'abus d'alcool, explique Alexey Raksha.
Chaque année, au moins 150 000 à 200 000 personnes meurent en Russie à cause de l'alcool, et environ 80 % d'entre elles sont des hommes.
Maladies, comportements à risque, délits voire crimes… Les conséquences sont nombreuses.
Les politiques et droits de douanes qui ont impacté les boissons à "faible" teneur en alcool, telles que la bière, ont entraîné dans les années 2010 un déplacement de la consommation vers les boissons alcoolisées fortes… et plus mortelles. La situation s'est encore exacerbée au début de l'année 2024, le vin et la bière étant fortement touchés par des restrictions, et pourrait empirer avec le retour des soldats du front, qui occasionnerait déjà une vague de criminalité.
La guerre en Ukraine, annonciatrice d'une crise démographique à venir
Dernier coup de serpe dans le bilan démographique russe : la guerre en Ukraine, bien sûr, et son cortège de morts dans le "hachoir ukrainien". Environ 2 à 3 % de la population masculine russe sont impliqués dans la guerre. Certains jours, le conflit fait plus de 1 000 morts côté russe selon les chiffres des observateurs occidentaux. En fin d'année 2024, les services de renseignements américains chiffraient à 120 000 le nombre de morts russes confirmées sur le champ de bataille depuis l'invasion en février 2022. Aujourd'hui, l'espérance de vie en Russie est inférieure à ce qu'elle était en 2018-2019, et l'écart entre la mortalité masculine et féminine s'est creusé pour atteindre près de 11 ans. Sans compter les hommes qui fuient le pays pour aller trouver la paix ailleurs. De quoi expliquer la chute de la natalité qui fait paniquer les autorités russes.
De fait, Moscou peut s'inquiéter, car une population déséquilibrée peut signifier des problématiques à venir sur le front économique… et militaire : qui la Russie enverra-t-elle pour la défendre si elle n'a plus d'hommes ? En attendant, se sont les conséquences sociales qui inquiètent. Selon les analystes de To Be Precise repris par Cherta, "le taux élevé de mortalité masculine pourrait entraîner une augmentation du nombre de veuves et de mères célibataires, et si l'État n'agit pas et n'apporte pas son soutien, cela pourrait entraîner une augmentation de la pauvreté." Environ 40 % des familles avec enfants dans le pays sont composées de mères célibataires, un groupe très vulnérable, mais encore insuffisant pour éteindre le feu russe.