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2024-03-28 21:18:59

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Le Temps (Suisse)

Mathilde Gremaud: «Toute mon enfance m’a préparée au freestyle»

<img src="https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/f3b40fb6-3762-4172-9654-cd1341c29b7c/medium"; /><p>Championne olympique en 2022, la freestyleuse de 24 ans vient de mettre un terme à la meilleure saison de sa carrière. Elle a reçu Le Temps chez elle, en Gruyère, pour évoquer l’origine de sa passion, ses sources d’inspiration et le caractère artistique de son sport</p><p>Les trois globes de cristal sont posés sur la table du salon familial. Deux petits pour les catégories big air et slope-style, un grand pour le classement général park&nbsp;&amp; pipe. Mathilde Gremaud les regarde du coin de l’œil, sourire en coin. La skieuse freestyle de La&nbsp;Roche, en Gruyère, a pour ainsi dire tout gagné cette saison.</p><p>Dans une discipline où le niveau augmente d’année en année, cela fait d’elle une prétendante légitime au titre de meilleure athlète de tous les temps, rien que ça. Elle s’amuse de la réflexion. Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’elle y est confrontée, mais elle garde la tête froide. «Il m’a fallu deux ans pour réaliser que j’étais championne olympique après ma médaille d’or en slope-style à Pékin, lance-t-elle. Peut-être que dans quelques années, je me rendrai compte de la valeur de cet hiver 2023-2024…»</p>Peut-être aussi qu’il y en aura d’autres du même ordre? La jeune athlète de 24&nbsp;ans n’a en tout cas aucune envie d’arrêter la compétition, ni de changer quoi que ce soit à une vie qui la comble, comme elle s’en ouvre dans un grand entretien accordé au «Temps» juste avant de prendre la route de l’Italie et des vacances.

![Mathilde Gremaud pose avec ses trois globes de cristal, dans le salon de la maison familiale, à La Roche, dans le canton de Fribourg. © Lionel Pittet](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/83fc823c-8780-4235-8297-4aa6bce6e973 "Mathilde Gremaud pose avec ses trois globes de cristal, dans le salon de la maison familiale, à La Roche, dans le canton de Fribourg. © Lionel Pittet")

**Le Temps: Vous rappelez-vous de votre tout premier saut sur des skis?**

**Mathilde Gremaud:** J’ai deux souvenirs assez nets. Ce qui est marrant, c’est que je ne suis pas sûr de leur ordre chronologique. Le premier, c’est au snowpark de Nendaz, où mon oncle possède un chalet, peut-être en 2008 ou 2009. J’étais avec mon cousin Julien, qui a quatre ans de plus que moi. Il était dans ce truc de freestyle, il portait des baggys, et il m’a appris à faire un «trois-six» [rotation à 360°, soit un tour complet en l’air]. Je l’ai vu faire, j’ai voulu essayer, il m’a donné dix secondes d’explication: «OK, tu prends un peu d’élan avec tes bras sur le côté de ton corps, tu sautes, et puis tu tournes.» Je me suis lancée, j’ai atterri sur mes pieds. Je me suis dit: «Ah ouais! Je peux faire ça! Cool!»

**Et le deuxième souvenir?**

Quand j’ai lancé mon premier front-flip [saut périlleux avant], avec des skis de slalom, sur un saut au bord d’une piste de La Berra. Avec tous les enfants du village, on allait emprunter une pelle, on construisait un saut, puis on essayait des trucs toute la journée.

**Tous les gosses ne font pas des sauts périlleux au bord de la piste de ski…**

C’était tout une ambiance. A la maison, il y avait un trampoline, donc j’avais l’habitude de tourner sur moi-même. Et mes cousines, qui faisaient de la gymnastique, me montraient certaines choses aussi. C’est un peu normal, je crois, pour un enfant qui joue tout le temps dehors, d’essayer de reproduire ce que les autres font. Parfois, c’était un peu débile. A l’école, il y avait des barres le long d’une façade pour permettre l’évacuation du bâtiment en cas de problème, un peu comme celles qu’utilisent les pompiers. Evidemment, on y grimpait souvent. Jusqu’à mi-hauteur, les profs ne disaient rien. Mais une fois, je suis montée tout en haut. J’étais heureuse, je disais: «Regardez ce que j’ai réussi à faire!» Mais en bas, tout le monde a eu super peur pour moi… Dans la région, c’est une anecdote que les gens racontent à mon sujet pour dire qu’ils ne sont pas surpris du sport que j’ai choisi.

![Trois globes de cristal et un grand sourire au pied du Corvatsch, il y a quelques jours. — © MAYK WENDT / keystone-sda.ch](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/a8f8ca70-314e-47ee-a71d-a69de6b53ef8 "Trois globes de cristal et un grand sourire au pied du Corvatsch, il y a quelques jours. — © MAYK WENDT / keystone-sda.ch")

**C’était quoi l’idée? «J’ai un corps, voyons ce dont il est capable?»**

Ouais, quelque chose du genre. Mon corps fonctionne bien, je vais en profiter. J’ai aussi fait de l’athlétisme quand j’étais petite. Au fond, toute mon enfance m’a préparée au freestyle.

**Parce qu’à l’époque des premiers «trois-six», vous n’aviez pas l’impression d’en faire?**

Pas du tout, je n’avais aucune référence. L’entrée du freestyle aux Jeux olympiques, c’est en 2014 à Sotchi. Et les réseaux sociaux, dont Instagram qui est très important dans le milieu aujourd’hui, n’étaient pas encore ce qu’ils sont devenus. Je ne savais même pas que ça existait, le freestyle, comme discipline sportive.

**Comment y êtes-vous arrivée, alors?**

J’adorais faire des sauts, mais ça se limitait à deux passages au snowpark pendant une journée de ski avec mes parents… Un jour, on a entendu parler d’une compétition au Moléson. Ma mère m’y a emmenée. C’était super drôle, car c’était très mal organisé, il n’y avait pas d’horaire, il ne se passait rien. Mais en attendant, tous les participants skiaient sur les deux rails et le saut à disposition. J’ai remarqué deux garçons qui essayaient de poser une figure que je ne connaissais pas sur un rail. L’un y arrivait bien, l’autre moins, j’ai tenté à mon tour et j’ai réussi. Du coup, ils m’ont acceptée, j’ai skié toute la journée avec eux et j’ai appris quatre ou cinq nouvelles figures en une seule journée. Au bout d’un moment, on nous a mis des dossards et le concours a commencé. Ma mère, qui était habituée à l’organisation millimétrée de l’athlétisme, n’y comprenait rien, elle a eu l’impression de poireauter pendant des heures pour pas grand-chose. Moi? J’ai passé une des meilleures journées de ma vie. Et j’ai rencontré des gens de l’association Ski-Romand, qui m’ont expliqué qu’ils avaient une équipe de freestyle, qu’ils participaient à des compétitions tous les week-ends. J’étais là: «Ah, ça existe? Cool.» J’ai skié avec eux pendant deux ans. C’est en 2016, lorsque j’ai participé aux Jeux olympiques de la jeunesse, que je me suis dit que c’était vraiment ce que je voulais faire de ma vie. J’avais déjà 16&nbsp;ans, mais avant ça, dans mon esprit, je ne m’entraînais pas, j’allais juste skier.

<section class="post__read-more">Lire aussi: <a href="/articles/mathilde-gremaud-plus-dun-tour-sac">Mathilde Gremaud, plus d’un tour dans son sac</a></section>

**Sans objectif, sans pression…**

Exactement. Juste du fun. Après, ça n’empêche pas d’apprendre plein de choses, d’acquérir de nouveaux tricks. A cette période, beaucoup de gens m’ont donné des petits conseils fondateurs. Dans le groupe de Ski-Romand, il y avait un Alex, qui m’a un jour dit que sur les rails, quand tu mets tes skis en travers, il faut regarder le bout de la structure, ça aide à garder l’équilibre. C’est tout bête, mais c’est quelque chose que j’ai encore en tête aujourd’hui.

**Votre culture du freestyle s’est donc construite petit à petit? Vous n’aviez pas au départ un catalogue de figures que vous souhaitiez passer les unes après les autres?**

Non, pas du tout, au contraire. Il y a certains tricks que j’ai passés avant de savoir comment ils s’appelaient… Je voyais un truc sur Youtube, j’essayais de le reproduire, voilà. Ce n’était pas du tout structuré. Aujourd’hui, ça l’est un peu plus pour les jeunes. Si tu réussis un «trois-six» à gauche, on va te dire de le passer à droite aussi. La méthode s’est sans doute un peu étoffée, même si, bien sûr, mes premiers coachs me disaient déjà l’importance de savoir tourner dans tous les sens.

**Et maintenant? Comment faites-vous, à votre niveau, pour acquérir une nouvelle figure?**

Ça part toujours d’une inspiration extérieure. Je regarde une vidéo, ce que fait le rider me plaît, ou alors j’aime son style, bref, j’ai envie d’essayer. D’abord, je me repasse la vidéo. Ensuite, je passe au travail de visualisation: j’imagine l’athlète en train de réaliser la figure, plusieurs fois. Quand j’ai l’impression d’avoir intégré tous les détails, je continue la visualisation, mais ce n’est plus l’athlète que je vois, mais moi à sa place. Avec mes traits, mes skis, mon style, parce que c’est toujours un peu différent. Chacun a sa technique, mais moi je ne «vois» pas la scène comme si je la vivais, c’est-à-dire avec l’image captée par mes yeux, mais comme si elle était filmée par un drone placé légèrement au-dessus.

**Vous faites ça au calme, les yeux fermés, dans le noir?**

Yeux fermés, yeux ouverts. Seule, avec du monde. Dans le calme, quand il y a du bruit. Ça varie. En fait, ça peut me prendre à n’importe quel moment, car je dois bien dire que je pense souvent au ski. Si, au milieu d’une conversation, je ne dis tout à coup plus rien, c’est sans doute que j’ai commencé à visualiser la figure sur laquelle je travaille sur le moment.

**Merci de prévenir!**

[Rires] J’évite de le faire avec des personnes qui ne sont pas du milieu.

**Et une fois que le processus de visualisation est terminé?**

Je passe au travail sur l’air-bag [un gros coussin d’atterrissage utilisé à l’entraînement]. En fait, je ne passe sur la neige qu’une fois que la figure est vraiment acquise. C’est vraiment la dernière étape. On ne la précipite pas, parce que l’idée est de retomber sur ses pieds, au pire avec quelques petits réglages à faire, mais il ne faut pas se prendre une grosse boîte, car c’est mauvais pour la santé et la confiance. Autre aspect: on part toujours du très facile pour aller vers le plus compliqué. Si la finalité est de poser un «double quelque chose», je vais commencer par maîtriser le simple.

**L’inspiration, puisque vous êtes la meilleure freestyleuse du moment, vous la trouvez surtout chez les hommes?**

Pas forcément, non. Il y a des filles qui font des trucs incroyables. Par ailleurs, nous sommes dans un milieu particulier, où tout le monde ne fait pas de compétition. Il faut cocher pas mal de cases pour y avoir du succès, surtout sur le long terme. Certains et certaines envoient du très lourd en marge de ce monde-là.

**Les figures qui vous intéressent, ce sont nécessairement celles qui peuvent vous faire gagner?**

Pas forcément. Certaines, oui, je me dis qu’elles seraient utiles en compétition. Mais nous pratiquons un sport où l’image est importante en soi, et il est aussi très intéressant de développer des tricks pour un shooting ou pour une vidéo. Certains peuvent être super spectaculaires à voir, et très satisfaisants à réaliser, mais pour autant je ne les présenterais jamais en compétition car je sais qu’ils ne paieraient pas.

**Et donc, regarder des vidéos sur Instagram fait vraiment partie du job?**

Oui, clairement. Ne serait-ce que pour s’informer de ce qu’il se fait. Après, tout le monde ne met pas tout sur Instagram. Tu peux aussi préparer quelque chose en secret, pour ménager l’effet de surprise.

**En 2020, vous êtes devenue la première femme à poser un switch double cork 1440 à l’entraînement, et vous l’avez directement fait savoir. Pourquoi ne pas avoir attendu de le poser en compétition?**

![La skieuse fribourgeoise Mathilde Gremaud est la première femme à avoir réalisé un switch double cork 1440. — © AP Photo/Hugh Carey](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/92705e9e-6114-4b3d-8560-3f399e1b76b0 "La skieuse fribourgeoise Mathilde Gremaud est la première femme à avoir réalisé un switch double cork 1440. — © AP Photo/Hugh Carey")

Cela aurait été une pression supplémentaire. Parce que là, j’ai tout dévoilé au moment où je l’ai réussi, et ça a eu un impact. Si j’avais attendu une compétition, et que je n’étais pas parvenue à le poser, les gens auraient retenu que j’essayais mais que je n’y arrivais pas. Et peut-être que trois mois plus tard une autre fille l’aurait fait avant moi.

**Quand vous réalisez une figure, savez-vous directement si elle est bien réussie?**

J’ai toujours une petite idée, mais parfois je me trompe. Parfois, je pense que c’était «waouh» et quand je vois la vidéo, je me dis que finalement, pas tant que ça. A l’inverse, il m’arrive d’être déçue en arrivant en bas et mes coachs me disent: «Non, non, c’est pas mal, t’inquiète.» C’est difficile de se rendre compte, en l’air, de tout ce qu’il se passe. La longueur du grab [quand l’athlète tient ses skis], l’angle avec lequel les skis se croisent, la position des mains à tel ou tel moment… Comme il y a tellement de travail de visualisation en amont, je sais exactement à quoi je veux qu’une figure ressemble, et parfois, même si j’ai l’impression de faire tout juste, ce n’est pas encore ça. Bon, de temps en temps, je me dis aussi qu’il faut que j’arrête de pinailler. Ça dépend des circonstances. Si on tourne une vidéo, je vais refaire et refaire jusqu’à ce que ça me plaise vraiment. En compétition, voilà, si mon run est propre dans l’ensemble, je peux m’en satisfaire.

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**Comment vivez-vous le fait que le résultat repose sur l’évaluation de juges?**

Ça fait partie de notre sport, et je l’ai toujours accepté. Parfois, deux jours après la compétition, ton coach, qui a bien analysé tous les runs de tout le monde, va te dire qu’il est désolé, que le résultat aurait dû être différent. Mais franchement, c’est rare qu’il y ait des injustices flagrantes. J’ai aussi l’impression qu’il y a davantage de problèmes à ce sujet chez les hommes que chez les femmes. De toute manière, il faut vivre avec ça. Personne ne souhaite que telle figure égale tant de points. Ce n’est pas l’esprit du freestyle. On veut le moins de règles possibles.

**Est-ce que vous vous voyez comme une artiste?**

Dans ma région, on me dit souvent que je suis une «sacrée artiste», en tout cas!

**Oui, mais ce n’est pas pareil…**

Les gens qui viennent du monde de l’art m’abordent comme une artiste, oui. L’art du mouvement, ça existe, bien sûr, et il y a dans notre sport une part d’interprétation personnelle, donc il peut être considéré comme artistique. Mais il faut être précis sur la définition du mot, car dans la plupart des disciplines artistiques, comme le patinage ou la gymnastique, il faut des mouvements très précis, très tenus, et en freestyle les codes sont très différents.

**On se demande parfois comment le sportif va se motiver après avoir tout gagné, ce qui est aujourd’hui votre cas. L’artiste, en revanche, peut toujours continuer d’explorer sa pratique. Cézanne a peint durant toute sa vie la Montagne Sainte-Victoire…**

Très bonne réflexion. Je n’ai pas du tout l’impression d’être arrivée au bout de mon exploration du freestyle, j’ai encore énormément de choses à faire, à essayer, à réussir.

**Est-ce que vous pouvez aussi avoir du plaisir à simplement en refaire certaines?**

Oui, absolument! Il y a d’ailleurs des journées où je ne fais que ça. Parfois, on ne se sent pas de faire des grosses figures, et on passe notre temps à faire des «trois-six». Et ce n’est pas forcément un moins bon entraînement, parce qu’entretenir le plaisir permet de nourrir la performance. Début janvier, je me rappelle d’une journée où l’on devait s’entraîner à Laax. Il y avait énormément de poudreuse. On aurait pu aller dans le park et faire des runs, il faisait grand beau, ça aurait été parfait, mais personne n’en avait envie. On a mis les skis de poudre, et c’était la meilleure chose à faire. L’équilibre mental, c’est aussi important dans une saison.

**Et il y a quand même, en contrepartie, des moments où il faut se forcer un peu, non? A aller à la salle de sport, par exemple?**

Non, je ne le vois pas comme ça: le fitness fait partie du tout. J’aime y aller, car je sais que je serai encore plus à l’aise sur mes skis après. Le plaisir, le travail, le côté artistique, la recherche de performance, tout ça forme un mode de vie que j’apprécie dans son ensemble.

**Continuerez-vous à faire des «trois-six» quand, avec l’âge, votre niveau commencera à baisser? On pourra vous voir dans des snowparks à 50&nbsp;ans?**

Je n’en sais rien, mais j’adore skier et je continuerai le plus longtemps possible. Peut-être davantage dans la poudre que sur des sauts? On verra bien.

**Et la compétition? Envisagez-vous d’en faire encore longtemps?**

Pour l’instant, j’ai du plaisir, ça marche bien, je continue. Je ne me pose pas plus de question que ça. Pourquoi je penserais à arrêter? Elle est hyper bien, cette vie.

* * *

## En dates

**2000** Naissance à Fribourg

**2014** Première compétition amateur de freestyle

**2016** Participation aux Jeux olympiques de la jeunesse à Lillehammer

**2018** Médaille d’argent du slope-style aux Jeux olympiques de Pyeongchang

**2020** Première femme à réussir un switch double cork 1440 lors d’un entraînement à Saas-Fee

**2022** Médailles d’or du slope-style et de bronze du big air aux Jeux olympiques de Pékin

**2023** Championne du monde du slope-style à Bakuriani

**2024** Trois globes de cristal en Coupe du monde, après avoir remporté six des neuf épreuves disputées (et terminé à la deuxième place des trois autres)

https://www.letemps.ch/articles/mathilde-gremaud-toute-mon-enfance-m-a-preparee-au-freestyle

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